BACHLA

BACHLA

Echo des terriers 2017: Le méloé

A la question, mais quel est donc cet animal que l'hérisson avale sans sourciller et qui vous terrasserait peut être si vous vous y hasardiez ?

 

La réponse recherchée était le méloé violet, appelé « enfle-boeuf » par nos arrières grands parents : les vaches qui l'ingéraient pouvaient, de prime abord, en crever !

 

Le méloé, comme bien d'autres insectes aptères (sans ailes), pratique l'autohémorrhée quand il se sent en danger...

- L' « otoémoroquoi » ? M'houspille t'on dans le dos !

- L'autohémorrhée !!! Cela consiste à émettre, en cas de menace, un liquide plus ou moins offensif, plus ou moins odorant, une émanation que les naturalistes comparent souvent au sang.

 

Prenons, pour exemple, le staphilin odorant. L'on hésitera à prendre en main l'animal : posture arquée de scorpion, une goutte rouge qui perle !Mazette ! Voilà qui inquiète ! Ce n'est pourtant que de la pure intimidation : chez ce staphilin, le vrai danger viendrait plutôt de la morsure !

 

Il en serait à priori tout autrement chez le méloé. Légende ou vérité ?!

 

0314 méloé.JPG
 

 

Dans l'huile jaunâtre qu'exhude l'animal se trouve une molécule toxique, corrosive, voir mortelle : 0,5 g suffisent, disent certains, à vous expédier devant la porte « Saint Pierre » !

C'est le chimiste P. Robiquet qui l'isolant, en 1810, pointa du doigt la cantharidine. Il attribuait au redoutable poison dont sont armés tous les méloïdés, la virulence de la strychnine...

 

On utilisa cette molécule, en médecine, pour brûler les verrues et les tatouages... Les effets aphrodisiaque de l'enfle-boeuf pilé étant réputé depuis l'antiquité, on le préconisa, en poudre : il dotait l'homme de cette vigueur dont jouit l'âne ! Pas d'emballement, SVP ! Au priapisme spectaculaire qui pouvait durer plusieurs heures, s'ajoutaient d'autres effets : perte de sang, vomissements, sueurs, crampes, douleurs ! Les deux exemples qui suivent atténueront, je pense, l'envie qu'auront certains esprits tordus, d'aller chasser la bestiole !

 

Le Marquis de Sade doit à cette poudre de perlinpinpin sa célébrité ! Il en gava de jeunes libertines dont il souhaitait l'usage, résultat : quatre d'entre elles succombèrent qui dépassèrent, de loin, le supposé 7ème ciel... On l'emprisonna. Il écrivit alors, pour tuer le temps, ce que l'on ne saurait lire sur les bancs d'un évéché : ses fameuses « œuvres » ...

 

Autre consommateur célèbre ?! Edgar Faure, c'était à l'Elysée ! Mais, chut, secret d'état ! L'élu, qui dit on en abusa, en plein ébat expira !

 

Portrait succinct du méloé violet :

 

IMG_9265.JPG

 

L'insecte se rencontre dans toute l'europe, entre avril et juillet, dans les prés fleuris, les pelouses et les bords de chemins. Il se nourrit de renoncules et apprécie plus particulièrement la ficaire. Sur l'image, c'est Madame qui pose : 3cm, un gros « ventre », une petite tête ! Son époux, qui se distingue entre autre par ses antennes coudées, fait figure de demi- portion : il ne mesure qu'à peu près sa moitié !!!

 

Dans cet abdomen hypertrophié, Madame traîne, en avril-mai, son sac à ponte annuel ! Près de 10 000 œufs sont déposés, à même le sol, dans des trous vite rebouchés. Chez les méloés, l'affection maternelle se résume à : Bonne chance et bye bye les enfants !!!

 

Du fait, les bébés méloés, que l'on appelle triongulins, sont dotés d'un furieux sens de la survie ! Dès qu'ils naissent, ils filent s'embusquer dans le haut d'une fleur afin d'y attendre un éventuel butineur ! Les trois griffes qui équipent leurs pattes servent à l'envol vers le premier dîner ! Malheur à celui qui s'accroche à la toison d'un bourdon, il mourra, ventre vide ! C'est impérativement sur une abeille qu'il faut grimper ! Au bout du voyage, notre triongulin parasitera le couvain : il mangera l'oeuf, se métamorphosera et s'appropriera le miel de la cellule avant de s'en aller pour de nouveau muter. Ce phénoménal animal fait partie de ceux qui excellent dans l'art de la transformation, du pou d'abeille au méloé adulte, c'est à chaque fois comme une nouvelle entité qui émerge !

 

IMG_9445.JPG

 

Tiens le voilà sur mon doigt, pas si dangereux que ça, finalement, n'est ce pas ?!!! J'ai contemplé les reflets de sa cuirasse au soleil, le méloé violet est de toute beauté, il se raréfiera, comme tant d'autres, au fur et à mesure que nous grignote le béton... (Chaque jour, en Alsace, comme partout ailleurs, le BTP continue de violenter le musée vivant du bon Dieu...).

 

Bon week end à tous, et à jeudi prochain

pour un prochain écho et de nouvelles photos !

 



26/05/2019
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 42 autres membres