BACHLA

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Echo des terriers de décembre 2019 : le raton laveur

Bonjour à tous ! Pour cet écho, nous quitterons l'espace de notre refuge qui plongé dans l'endormissement hivernal ne se réveillera, à présent, qu'au printemps. Je vous propose d'aller courir les bois à la poursuite d'un hôte dont bon nombre d'entre nous semble ignorer la présence... Il a la taille d'un petit chien de troupeau, il lave ses aliments dans l'eau, il porte la queue annelée du chat forestier, et sur sa bouille de fripouille, rappelant le bandeau du lérot, pour masque, il arbore le loup de Zorro : espèce de mini glouton qui nous vient du pays des trappeurs...

 

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... Importés pour sa fourrure, entre les deux guerres, accompagnant en mascotte les soldats de l'oncle Sam qui séjournèrent en Allemagne et dans l'Aisne, le raton laveur, c'est de lui dont il s'agit, depuis plus de cinq décennies, figure en invasif parmi nos petits carnivores forestiers. Tant en montagne, qu'en plaine, dans l'Oise, les Ardennes, et les départements bretons, le long du Rhône, de la Loire, de la Garonne, de la Gironde, le raton, tel le furet de la chanson semble courir un peu partout ! Lorsque notre ami Alain Laurent, lors de sa conférence d'il y a 15 jours, le cite comme "aperçu" jusque sur le Hohneck, plus d'un, silencieusement, dans la salle, s'en montra étonné ! Et oui, sans faire le raffut, ni du loup, ni de lynx, le raton, qui doit son nom anglais, "rangoon", aux indiens algonquins, sur la pointe des pieds s'immisce à nos côtés, avec la discrétion de nos lointains cousins amérindiens !

Sur la pointe des pieds ? Pas vraiment ! Comme le blaireau notre ami laisse au sol pour empreinte cinq griffes, cinq doigts, et l'ensemble de ses coussinets : c'est un plantigrade. Qui voudra partir à sa recherche mémorisera au préalable le beau dessin de ses empreintes ! Tel le blaireau, cette jolie frimousse, ce plaisant omnivore, est un cueilleur opportuniste : plutôt randonneur que chasseur. Fruits baies graminées, maïs, invertébrés, crustacés, amphibiens, rats, musaraignes, écrevisses, œufs, oisillons, tout y passe ! Et si comme le blaireau, plutôt nocturne, il manifeste, lui aussi, une période de torpeur en hiver, à contrario du blaireau, il est arboricole ! Il aime nicher dans les creux d'arbres. À défaut, les galeries du tesson ou la cabane délabrée délaissée tout au fond du jardin, chantée par Cabrel, font très bien l'affaire !

 

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Pour ce qui est de sa densité, avec moins de 2 individus pour 100 hectare, difficile de parler d'invasion ! Pourtant la vigilance chez certains reste de mise : suspecté d'être porteurs de plusieurs maladies, ce "migrant" venu volé le pain de nos "puants chassables", affiche sur ses territoires ancestraux, malgré la présence des pumas, grands ducs d'Amérique, loups, coyotes, et autres prédateurs naturels, des populations qui peuvent aller jusqu'à 98 individus pour 100 ha. Voici qui laisse planer sur les œufs de nos derniers tétras, une menace supplémentaire n'est ce pas ? Pas de panique Elmer ! Laisse faire ! Le lynx ne figure-t-il pas sur la liste des régulateurs naturels attitrés ?!

 

 

Bon, à deux pas de Noël, je finirai mon écho par une petite histoire ! Je vais vous parler du plus célèbre raton laveur du continent nord-américain ! Retour sur un certain 25 novembre 1926.

À cette époque pour Thanksgiving, il était de tradition d’envoyer au président des États-Unis, un animal prédestiné pour la casserole... Une certaine Vinney Joyce, fervente admiratrice, offrit un met qui comptait alors dans la gastronomie américaine : un raton laveur.

 

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Le couple présidentiel, M. Et Miss Coolidge, s'amourachant de leur présent, préféra adopter plutôt que de manger ! Une cabane et un enclos plus tard, notre ratonne devint rapidement la coqueluche de l'ensemble des mass-médias américains : Rebecca en voyage dans le nord des États-Unis, l’ascension par Rebecca d’un poteau au centre ville, Rebecca prend son bain... L'évènement le plus couvert fut sans aucun doute les festivités de Pâques 1927 à la Maison Blanche. Sur les images d’archives, on vit Grace Coolidge, longue robe claire et chapeau à large bord, promener son raton au milieu d’une foule compacte, tenant l’animal au bout d’une laisse, sous les regards amusés des enfants, ou dans ses bras comme s'il s'agissait d'un chat !

 

Ah j'en vois plus d'un qui s'imaginant la scène, sourit, bercé de rêves ! Tout doux mes beaux agneaux, n'allez surtout pas croire qu'il soit aisé d'élever sans danger cet animal singulier ! Lisez, tapez, méditez : c'est pas un chihuahua et tout le monde ne nait pas "Daktari" !!!

Enfin, pour clore, toute belle histoire ayant ici-bas, une fin, début 1929, lorsque Collin et Grace durent céder le fauteuil du Bureau Ovale de l'oncle Sam à Herbert Hoover, nouvel outsider du rêve américain, ils firent leur malle sans l'animal. On confia Rebecca aux soignants du zoo de Rock Creek, Lou, la nouvelle 1ère dame, n'ayant point la passion faunistique de Grace Coolidge... Celle qui pendant 2 ans avait enflammé l’Amérique, ainsi finit sa vie, regrettant amèrement, m'a-t-on conté, son petit ordinaire, son petit quotidien : les succulents mijotés que lui concoctait l'une des cuisines les mieux surveillée au monde.



A dans très bientôt, avant Noël, pour d'autres mots, quelques photos,Votre ami Jojo !



Un grand merci à tous ceux qui nous ont accompagné lors de notre 4ème grande manifestation associative ! Mon amitié aux intervenants et aux trente bénévoles ! Mon amitié à toi, qui me lit, et qui en te déplaçant jusqu'à Metzeral, aura magnifiquement couronné nos efforts ! (Certains, je le sais, venant de fort loin : St Dié, Strasbourg, St Louis... et, St Rose ! - petit clin d’œil d'Alsace aux lecteurs de Basse terre qui dans leur parc zoologique et botanique des Mamelles ont aussi leurs "rakoun" ! Notons que procyon lotor minor figure en Guadeloupe comme une espèce non chassable...)



12/12/2019
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