BACHLA

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Echo des terriers du mois de mai 2020 : la salamandre

Pour cette nouvelle escapade buissonnière, partons à la rencontre d'une étonnante habitante de nos murets moussus : la salamandre tachetée !

1 ére singularité : sa toxicité !

 

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L'Ancien Testament, qui la recensait parmi les animaux "impurs", interdisait de s'en nourrir. Impure notre bestiole ? Plus d'un dérapa sur le mot ! Bien que l'animal-totem de François 1er symbolisa longtemps, la foi qui ne peut être détruite, faisant fi de la motion alimentaire, le populisme moyenâgeux emporté par son imaginaire et son goût pour les diableries, dota la salamandre d'une puanteur de souffre ! Un animal qui survivrait au feu du bûcher ?! Méfiance, défiance : pas très catholique ce lézard !!!

 

Aujourd'hui, heureusement, on le sait : la salamandre ne survit point aux braises, elle ne se change pas en femme dans les flammes, elle n'empoisonne ni les fruits, ni les eaux des puits, elle ne fait point enfler jusqu'à l'éclatement des chairs les bœufs, sa présence ne saurait tuer qui que ce soit ! Quant à la fameuse eau-de-vie de salamandre, aphrodisiaque et psychédélique, du slovène "Ogorevc", en user ne me semble guère conseillé !

 

Nul ne saurait , en vérité, consommer de la salamandre tachetée sans s'en mordre les doigts ! Qu'on se le dise : le jaune criard de notre bestiole l'affiche mieux qu'un panneau indicateur : espèce "chargée" ! À la manière des crapauds, elle exsude, dans le mucus qui lui recouvre l'ensemble de son corps, un cocktail neurotoxique réputé qui agit sur le système nerveux central et la moelle épinière...

 

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Et, quand la couleur aposématique dit : "ne pas manger, pas toucher", mieux vaut s'y plier ! L'ingestion par voie transdermique ou orale peut en effet provoquer toute une batterie de désagréments. Cela va de la simple allergie, à la brûlure, en passant par les nausées, les vomissements, la surexcitation des muscles, l'agitation, l'hypertension, l'hypersalivation, voire même, pour couronner le tout, une dilatation des pupilles !

Dans les cas les plus sévères d'intoxication, ( tout cela a bien sûr été testé en laboratoire sur des animaux cobayes sacrifiés au nom de la sacro-sainte science...), l'on parlera de convulsions, d'hémorragies, de paralysie ou d'arrêt respiratoire ! En règle générale : plus le sujet empoisonné est petit, plus l'effet sera intense... Seule la larve, parce qu'elle est encore incapable de produire du venin, est susceptible de satisfaire l'appétit d'autrui. L'avide carabe violacé en sait quelque chose, cet excellent auxiliaire des jardiniers bio, paraît-il, en raffole.

 

Le juvénile spécimen de la photo suivante qui, "armé" d'"agents chauds", se promène placide sur la peau de Jojo, semble sourire, confiant, serein ! Maintenant que nous connaissons tous sa toxicité, il ne craint plus rien !!!

 

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Pourtant, l'homme est son pire ennemi ! Destruction des habitats, empoisonnement par pesticides, pollutions des eaux, mortalités routières. Nulle autre espèce ne saurait nuire ainsi.

 

Si la toxicité de la salamandre ne passionne guère la communauté des chercheurs, une autre de ses particularités fait en revanche le buzz : la salamandre est une adepte de l'auto-régénération. Certaines blouses blanches, tant civiles que militaires, rêvent de posséder la technique ! Pensez donc ! Avoir le pouvoir de reconstituer ici et là, un foie, un doigt , une jambe ou un oeil ? Sauver les estropiés, les aveugles, les boiteux ?! ( Aie ! Aie ! Prions qu'une nouvelle calamité ne naisse de leurs travaux ! )

 

 

La salamandre, comme tout ce qui rampe, trotte et vole au Meyersbuhl, vous l'aurez compris, me fascine! Ses particularités me sidèrent ! En voici quelques-unes, je vous les livre pêle-mêle !

 

 

 

La salamandre vit longtemps ! Dans un terrarium allemand, une salamandre a vécu plus de cinquante ans... À la manière des serpents, araignées, punaises, (etc...), la salamandre mue... Sa peau fragile est, en autre, une membrane filtrante qui sert à boire et à respirer... Si comme la hulotte, le bon Dieu l'a doté de grands yeux noirs, c'est pour bien y voir de nuit... Elle n'a pas d'oreilles, n'est point bonne nageuse, peu se noyer, ne coasse pas, et dans l'acte amoureux - ce sera le détail croustillant de ce courriel ! - c'est madame qui est sur monsieur...

Comme bon nombre d'espèces, la salamandre, sur laquelle j'aurai évidemment moult choses à  partager, est abondante sur notre refuge, mais pour combien de temps ? Aux portes de l'Alsace, un grave danger menace: un champignon pathogène asiatique importé par le biais d'amphibiens destinés au marché de la terrariophilie pour le bien être de quelques uns, dévore littéralement la peau de nos populations d'urodèles. Les animaux meurent peu de temps après avoir été infectés.

Enfin, pour finir, voici une info qui colle presque à l'actu... Saviez-vous que c'est en Chine que vit la plus grande salamandre au monde  ?! Son 1m80 rivalise presque avec les 2 mètres de son ancêtre, le "Metoposaurus algarvensis" des paléontologues ! Malheureusement pour elle, notre "géante" est consommable: à peine découverte, la voici déjà menacée d'extinction ! Dépecée, cuisinée, épicée, elle est vendue entre les chats, les chiens, les chauves-souris, les civettes et les pangolins, sur ces marchés de la honte qui font depuis quelques mois le tour du monde...

La balsamine asiatique, la renouée asiatique, les coccinelles asiatiques, les champignons, les capricornes, les punaises, les frelons, le covid, (etc...) ?! J'ai quelques part dans mes bouquins un livre d'Alain Peyrefitte intitulé : "Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera". Et si c'était plutôt ça, le péril jaune ?!

À bientôt pour une prochaine balade virtuelle au refuge de Jojo !

 

 

 

 


13/05/2020
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