BACHLA

BACHLA

Echo des terriers du mois de novembre 2021

 

Bonjour à tous !

 

Si octobre fut étincelant, élégamment paré de sa robe d’automne, novembre n’égaiera point autant. Il nous joue déjà du salpinx, le bougre ! Il nous barrit le retour de Bonhomme-d’Hiver, ce sagouin ! Premiers froids, premiers givres, et nous voici déjà avec des crêtes duvetées, toutes blanchies de neige. Le couloir du Rhin sera évocateur, pour les plus taciturnes d’entre nous, dans les jours à venir, d’un “Waterloo, morne plaine…”

 

Captif de l’hiver dans ma chambre, et las de tant d’espoirs menteurs, je vois dans un ciel de novembre partir les derniers migrateurs...” Si vous êtes en phase “sociétalement déprimé”, vous éviterez de trop vous attarder sur ces vers de François Coppée, ils n'éveilleraient que tourments ! Réjouissez-vous, exultez , en ce temps proche de l’Avent. Vous serez bientôt harangués par les effluves de pains d’épices et la bonne odeur du chocolat ! Dans le monde de l’homme, un tantinet surfait, cette neige là-haut, c’est le retour de la magie de Noël qui déferle. Apprêts prêts à régner sur l’étal des boutiquiers affairés, les jingles, étoiles, guirlandes, papier rocher, papier cadeaux et bas de laine rouge ourlés de coton synthétique sont, époussetés, sortis de leurs tiroirs, préparés à l’emploi, cependant que citrouilles et squelettes embobinés de fausses toiles d’araignée regagnent leurs cartons.

 

Du baume au cœur, les amis : la fin de l’automne, ce n'est pas la mort ! Ne croyez surtout pas que Dame Nature soit figée, pâmée, dans l’endormissement de la Belle au bois dormant, jusqu’à ce que Sieur Printemps, en bon Prince charmant, ne vienne l’éveiller d’un ensoleillé baiser ! Allez, emboitez-moi le pas ! Je vais par l’exemple vous le démontrer, vous le conter ! Dame Nature en catalepsie ? Pure ineptie ! Parsembleu ! Rien n’est plus faux !

 

Prenez l’exemple de cet arbre, là. Mon vieux noyer, oui je sais, aura été avare cette année. Heureusement pour nos écureuils, les noisetiers ont bien donné ! Allons, approchez-vous, entourez-le de vos bras, comme je le fais moi même, n’ayez pas peur, il ne mord pas ! Voyez ce tronc qui file, massif et tortueux, vers le ciel, il s’est dénudé, a laissé choir au sol ses jolies feuilles asséchées et dorées. Raccourcissement du jour, chute des températures, la sève ne circule plus, il n’est donc plus d’usage au feuillage... Le bois mis au repos, s’agite, gémit à craquer dès que murmure le vent. Les branches s’entrechoquent au moindre souffle froid comme le feraient les frusques gelées d’un sinistre épouvantail. Ce n’est pourtant pas là ce qu’il nous faut voir ! Ne vous y trompez pas ! Cette endormance est un leurre : il s’en passe des choses dans un arbre en hiver. Et je ne vous parle pas des larves, qui dans leurs loges profondément forées, vivent parfois en redoutables parasites. Ni du loir, qui niché au cœur d’une cavité profonde, ronfle, lové, dort à poings fermés.

 

Ce noyer que vous enserrez, loin d’être mort, maintient de façon invisible, depuis ses racines jusqu’aux tissus conducteurs de ses enfourchures, tous les mécanismes biologiques nécessaires à sa survie. L’oreille collée à l’écorce, écoutez-le ! L’entendez vous faiblement respirer ?! Il res-pi-re !!!

 

Avec une lente, une surprenante puissance, imperceptiblement, semaine après semaine, il s’ancrera davantage. Dans quelques mois, chaque radicelle, chaque racine, aura forci, se sera allongée. Étalant sa chevelure racinaire, l’arbre-iceberg vit, en hiver, tout d’abord par le bas !

 

Continuons d’user de notre oreille comme d’un stéthoscope... Attendez, j’entends là un autre mouvement qui à nos yeux ne peut se laisser voir. Je l’avais oublié ce mouvement ! Cela me revient... L’air passant hier soir en dessous des 6°, mon vieux noyer s’est activé à synthétiser des enzymes, dégradant les molécules de ses réserves énergétiques en particules de sucre-antigel. C’est ainsi qu’il lutte pour survivre au froid. Dès que les températures repasseront la barre des 5°, dans la journée, mon bel arbre reconstituera son précieux amidon, puis en soirée, lorsque les températures rechuteront, s’hydrolysant, il biaisera à nouveau la mort. Mon vieux noyer peut ainsi résister ainsi jusqu’à – 20° avant de véritablement souffrir le martyre. Les aiguilles du pin sylvestres, plus coriaces, survivent, elles, à - 80° !

 

Offrir le moins de prise au froid, c’est là la première occupation de l’arbre durant la morte saison. Nous allons profiter des quatre mois qui viennent pour nous porter à la rencontre des différentes essences qui vivent, tantôt isolées, tantôt en groupuscules, sur les 3 hectares du refuge… Elles sont plusieurs centaines qui autour de moi vont lutter ainsi pour survivre. Nous les regarderons avec attention. Non contents d’offrir nourriture, gîte, abri, ils font partie du fabuleux mécanisme d’horlogerie de la vie. Ne les place-t-on, après les océans, comme seconds “poumons de notre terre”... ?

 253998956_3332345580333070_7926034577415715189_n (1).jpg

Je vous dis donc à très bientôt !

Pour notre prochaine balade, je vous emmènerai dans l’aulnaie de Jojo !



08/11/2021
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 42 autres membres