BACHLA

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Echo des terriers du mois d'Avril 2022

Dans cet écho d’Avril qui vous sera envoyé sous forme de quatre volets séparés, nous allons reparler de cette hormone de bouturage que dame Nature nous fournit gracieusement durant quasiment toute l'année. 

Surprise, Jojo s’entourera de trois nouveaux intervenant. Catherine à la photo, Jorma pour la fiche pro (comment préparer l'eau de saule), l'Anonyme Soignant Hospitalier pour une rubrique intitulée "Quoi de neuf Docteur !"qui réjouira les agents hospitaliers qui habituellement me lisent. S'ensuivra un récapitulatif des deux premiers chantiers participatifs qui viennent de se dérouler ET un rappel des autres qui suivront en mai...

 

1er volet, c'est parti...  

“Ne serais tu Saule pleureur, avec cette forme de pleur, et ce front de mélancolie, qu’un portrait à peine ébauché  de notre visage penché sur la rivière de vie ?”

Que nenni !

Bien que savourant les vers de ce poème de Rosemonde Gérard qui invite un peu plus à la pluie qu’au beau temps, je ne masquerai pas ma joie à contempler tel arbre le long de mes sous-bois ! Quelques saules plantés dans un refuge animalier octroie faunistiquement, je vous le dis, bien du bonheur, tant l’arborescence est sujette aux  multiples rencontres ! Bon, si l’adèle de la scabieuse, la cabère virginale, la crocale aglosse, la numérie poudrée, la phalène ondulée, le bombyx de l’aubépine, du chêne, ou de la feuille de l’yeuse, la passagère, la xanthine noisette, le bois veiné, le bucéphale ou le notodonte dromadaire, pour ne citer que ceux ci, ne vous évoquent rien, ne vous en accablez pas : c’est normal ! Il s’agit là exclusivement de quelques uns des papillons nocturnes qui peuvent y circuler. En revanche, vous ne devriez rien ignorer du saperde à échelon, de la coccinelle chilocorus renipustulatus, du charançon des feuilles, du clytre des saules, du leste vert, du frangée, du petit mars changeant, de la fiancée, de la citronnelle rouillée, de la petite biche ou du mythique lucane cerf-volant…

Un saule taillé, dit-on, égale dix saules plantés.

Fidèle à cette maxime, chaque année, le refuge enrichit sa collection ! À qui prendra le relais, les haies plantées durant ¼ de siècle, prenant de l’âge, offriront des cavités propices aux nidifications… En attendant je réinvite nos chasseurs d’images à venir mitrailler tout ce qui bouge en nos saulaies, afin de bien les inventorier…

Clôturons cette article d’ouverture en brandissant pour panonceau :

“Un geste pour sauver la planète” ? Plantez du saule, faites comme Jojo !”

 

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2nd volet, voici un article né sous la plume de Jorma, un tantinet remanié par mes soins 

 

 

 

Il existe près de 360 espèces de saules de par le monde, près de 70 espèces en Europe, qui appartiennent à la famille des Salicaceae. Leur genre, Salix, est un bien précieux pour nos herboristes et vanniers. Quelques uns des plus connus sont représentés sur le refuge : Salix Alba (saule blanc), S. caprea (saule Marsault) et S. viminalis (saule des Vanniers). L'on parle de cultivars lorsqu'il s'agit de variétés créés par l'homme. Le saule tortueux qu'affectionnent nos paysagistes en est un bon exemple. On nomme une saulée, une allée ou haie de saules, et une Saulaie, un endroit où poussent majoritairement des Saules. Comme les bouleaux, les saules sont des  colonisateurs. Ils affectionnent les friches, les berges de rivières, les terrains nus, la lumière. L’arbre s'installe sur des sols dont le PH se situe entre 5,5 et 7,5. Il les préfère acides, légers, en général humides. Le Saule est ligneux, c'est a dire qu'il forme du bois dans sa croissance.  Les rameaux de 2-3 ans ont une écorce riche en cette salicyline qui empêche chez les végétaux la cicatrisation des plaies, la déshydratation des rameaux, au bénéfice du développement des racines. En arboriculture, la salicyline qui fait le bonheur des vendeurs d'aspirine fera office d’hormone de bouturage naturelle.

On fabrique l’eau de saule de la façon suivante : il faut couper des branches de saule lignifiées (saule, blanc, saule pleureur, saule marsault, tous conviennent) Il faut les faire tremper sans changer l’eau pendant 4 à 6 semaines. Au bout de ce temps de macération, un gel s’est formé en surface et sur le bois où quelques racines se sont déjà formées. Ce gel est très riche en salicyline : récupérez le et placez le dans un petit bocal en verre, vous en ferez l'usage comme d'une hormone de bouturage en enduisant vos végétaux avant de les mettre en terre.  Attention ce gel resterait pleinement efficace pendant 48 heures. Au delà, et ce pendant un mois, son efficience décroit. (Il est possibilité de le congeler ; le mieux étant de repréparer régulièrement un peu de cette infusion afin d’en avoir toujours à portée de main ! 

(Pour les impatients et les plantes qui se bouturent facilement : débitez en rondelles des branches de saule écrasez les au marteau, faites tremper, l'eau sera prête à l'usage au bout de quelques jours !)

Je vous le fredonne sur l’air du “That’s all folks” des Tex Avery de notre enfance, à très bientôt pour la dernière rubrique de cet Echo qui s'intitulera Quoi de neuf Docteur !

Signé : Jojo et ses amis !

3eme et dernier volet : petit retour sur la salicyline !

Et voici une autre nouveauté : la rubrique "Quoi de neuf Docteur ?". 

Transmis par un soignant des Hôpitaux Civils de Colmar, retouché ici et là par le facétieux Jojo, voici un texte musicalisé à 4 mains !

 

9:45 - Hôpitaux Civils de Colmar - Service de Cardiologie - Grande Visite du lundi matin…


Le chef de service, accompagné de sa cohorte, internes, infirmières, étudiants, entre dans la chambre 416, s’arrête au pied du lit de Mr W. Après un petit arrêt d’usage devant la fiche du patient, la voix puissante du maître des lieux claironne la bonne nouvelle : Mr W est déclaré sortant. Son AIT (Accident Ischémique Transitoire - ou mini AVC Accident Vasculaire Cérébral) - s’est rapidement résolu, les examens complémentaires sont tout à fait rassurants : nulle séquelle en vue. Mr W quittera l’hôpital avec une prescription d’acide acétylsalicylique.

 

Notez bien l’emplacement des Y et des I ( Y… i… y… i) : dans ce placement des voyelles il est difficile de s’en sortir aisément. L’acide acétylsalicylique ? Qu’est-ce ? Et pourquoi en parler ici ? Patience ! Patience !


Tout d’abord tâchons de déceler ce qui se cache derrière cette substance au nom inutilisable au scrabble. En solutionnant la petite charade proposée ci-dessous, vous le découvrirez, à qui serait gagné par le début d’une céphalée, lisez sans attendre la réponse citée plus bas et votre migraine disparaîtra.

- Mon premier est un préfixe signifiant rendre moins irritant pour le tube digestif.
- Mon second est le terme allemand qualifiant l’acide spirique.
- Mon troisième est le suffixe donné par la chimie industrielle pour désigner les alcaloïdes.
- Mon tout se trouve en bonne place dans toutes les boites à pharmacie.

 

Bravo : c’est l’A-Spir-In(e) !

Aspirine, vous l'aviez deviné, qui nous vient du saule, arbre dont les vertus curatives nous sont connues depuis l’Antiquité. Pour la petite histoire, c’est un dénommé Pierre-Joseph Leroux (1795-1870) qui fut le premier à isoler de l’écorce du saule, sous forme de cristaux purs, la fameuse salicine  qui aboutira sur l’acide déjà nommé… (Les gens du nord viennent de l’apprendre, tout ce qui est Leroux n’est pas forcément chicorée !)

 

 

Une pléiade de scientifiques et savants se sont tour à tour, relayés, passionnés, pour cette substance amère, thermolabile, toxique pour l’estomac. Dès 1899, après que l’acétylation l’ait rendue moins irritante pour le tube digestif, l’aspirine sera brevetée, une marque déposée qui nous deviendra vite familière. En poudre blanche (Kardégic - Aspégic, au doux arôme mandarine), ou en comprimés effervescents (l’UPSA miracle de notre enfance, au tube métallique vert pâle), l’aspirine entame cette carrière qui lui fera faire le tour du monde,  annihilant fièvre et douleur, pourfendant l’inflammation, ou fluidifiant le sang, à l’instar de Mr W, de la chambre 416. 

 

Hum, cet inégalable chuchotis mousseux cependant que la pastille se dissout dans le verre ! L’aspirine nous est tellement coutumière que l’on en oublierait presque qu’il s’agit d’un médicament. Aux slogans, « Au moindre mal de tête, Prends donc un UPSA» - « Au moindre petit rhume, prends donc un Aspégic»,  nous annoterons tout de même que de nombreuses céphalées viennent souvent d’un trop peu boire, qu’un simple grand verre d’eau suffirait à faire passer. Enfin, attention, quelques effets indésirables restent toujours possibles : neuro-toxicité pour les enfants jusqu’à 12 ans, oto-toxicité (risques de perte d’audition, d’acouphènes), risques hémorragiques, risques d’irritation de l’estomac, ulcère, hémorragie digestive, ralentisseur de la cicatrisation… Bref, qu’il soit issu de la pharmacopée, ou des côteaux bordelais, un Médoc doit toujours être consommé avec modération, suivre attentivement les prescriptions indiquées.

 

Symbole d'immortalité en extrême orient, le saule est arbre de vie au Tibet. L'écorce est comestible et de nombreux naufragés des bois lui doivent la vie. Arbre contre la douleur, dixit le Docteur Jean Valnet. Antinévralgique, antispasmodique, sédatif génital, fébrifuge, tonique digestif, le saule soulage, chez les herboristes, les névralgies rhumatismales, les céphalées, les douleurs des règles, les états fébriles, l'angoisse, l'anxiété, l'hyper acidité gastrique, l'insomnie des neurasthéniques, il éteint enfin les ardeurs fougueuses des "trop énamourés" qui peinent à s'endormir, apporte la quiétude du sommeil innocent ! 

 

A très bientôt pour un nouvel Echo !

 

 



14/04/2022
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