BACHLA

Cher lecteur, chère lectrice, voici enfin l’écho attendu pour ce début d’année !

Si tu te pointais aujourd’hui, animé par l’envie de t’asseoir à mes côtés, tu te retrouverais installé sous les branches basses de l’un de nos plus beaux arbres. Pour accotoir je me suis choisi, afin de débuter ce mois, le tronc rugueux d’un végétal-cathédrale qui n’a pas son pareil pour monter vers le ciel. Il s’agit d’un frêne altier, posé en haut de prés, que jalousent de vieux chênes, barbons empâtés moins bien exposés. Au pied de son large fut droit qui semble vouloir boire au soleil, l’assise est confortable, l’on y ressent de l’apaisement. Évoquerai je son arborescence ? Sa chevelure somptueuse s’étale horizontale, majestueuse, souveraine. Sa cime surplombe notre refuge, on le sent à son aise, il se sait bien planté.

Laissons l'horizon promener nos pensées... Sur le versant opposé, les pistes du Schnepfenried sont toutes blanches de neige. Plus à droite, l’on devine le plateau du Hohneck, le dôme du Gaschney. À gauche, niché dans sa cuvette, Sondernach semble pouvoir échapper au tumulte du monde. Ah, je pourrais te confier combien se régale mon âme lorsque par une aube immaculée je vois rosir les sommets. Je pourrais te partager ma joie lorsque je découvre dans les bractées chargées qui me surplombent, un acrobate qui babille,  le passage d’un écureuil-maraudeur qui file visiter deux, trois noisetiers. Nous en avons, plus bas, qui ombragent un abri partagé par la fouine et le chat. Je pourrais te parler des pendantes samares, appelées langues d’oiseaux, dont on tire une boisson fermentée qui égaie. Je pourrais m’épancher sur la qualité que l’on prête au bois de cette essence : dur, élastique, résistant. Bois de chauffe apprécié, le frêne reste, pour quelques uns de nos vieux, ce compagnon dont on tirait jadis, une charpente, un meuble, un lit, une table, une chaise, un manche de pioche ou de hache. Il cerclait le fromage, faisait les luges, la schlitte, les skis…D'ici, je pourrais aussi, sans me lasser, te parler de notre doux sanctuaire, entretenu, besogné, gardé, veillé chaque jour que Dieu fait. Qu’il est bon de voir s'épanouir sous nos yeux tant de vies !

Une ombre en ce début d’année cependant ternit ma joie. Malgré les souhaits et les vœux de bonheur qui ont massivement circulé durant ces quatre dernières semaines, le monde souffre, le monde tangue. Paix et sérénité ressemblent, pour 2022, à un “Barco de papel” abandonné à une eau courroucée...

Non, je ne te parlerai pas du covid, ni de la récession qui se profile à l’horizon, ni du bruit de bottes en Ukraine. Je veux te parler des soubresauts de Mother Earth. Le volcan Cumbre vieja, entré en activité en septembre dernier, se calmait à peine pour Noël, qu’aux îles Tonga, une violente déflagration ouvrait le bal du chaos. Depuis la Saint Sylvestre, il n’est point un seul jour qui n’ait charrié son lot de violences : tremblements de terre, éruptions, glissement de terrain, pluies diluviennes, inondations, tsunamis, tornades, cyclones, blizzards, tempêtes de neige, foudres de grêles, hurricanes de poussières s’abattent, noient, déferlent. Les dépressions apocalyptiques Ana, Elpis, Kenan, Malik, Felapi, Corrie, pour ne citer qu’elles, se sont abattues sur l’Afrique Australe, sur l’Europe, le pourtour méditerranéen, l’Indonésie, l’Amérique... Au Malawi, au Mozambique, au Zimbabwe, à Madagascar, en Turquie, en Pologne, en Grèce, en Palestine, en Israël, en Égypte, au Pakistan, en Malaisie, en Chine, au Japon, en Australie, en Argentine, au Brésil, au Pérou, en Thaïlande, en Russie, (…), les catastrophes s’enchaînent. Un malheur ne venant jamais seul, nos plaques tectoniques se font du coude à coude, quelques volcans s’animent, comme en un jeu de domino. Journaux et réseaux se font frileux, rapportent peu.

Assis sous mon frère-arbre, je pense aux hommes qui perdent tout, à la faune abandonnée, à la flore que les flots d’eau, de boues, de cendres ou de laves dévastent. L’on peut aimer vivre isolé sans pour autant être misanthrope. Un géant sous le volcan du lac de Laach s’éveillerait lui aussi, m’a-t-on-dit, après un long sommeil de plus de 10 000 ans ! Je prie pour qu’il s’apaise, qu’il se rendorme. Assis sous mon frère-arbre, je prie, dubitatif. Résolution pour 2022 ? Ne pas baisser les bras, continuer de perpétuer nos activités dans ce joli musée du Vivant dont nous autres, baladins, nous sommes faits gardiens. La création est belle, elle mérite nos égards, nos regards, c'est pouquoi “Jojo le blaireau” continuera d'élucubrer, pour ceux qui les apprécient, ses échos poétiques, un par mois.

4 projets associatifs sont en cours :

- L’acquisition d’une volière : sur le blog de Chloé, vous devriez retrouver sous peu l’article explicatif écrit par notre ami Edy pour l’Alsace et les Dna (photo d’Armelle Bohn)

- L’achat de piquets et grillage de clôture pour un parc qui sera mis à disposition de l’association Sauvegarde Faune Sauvage de Wittenheim dès la fin de ce printemps

- Nous reparlerons de la création d’un “Jardin du Souvenir” pour les amis à 4 pattes de nos adhérents

- Nous parlerons d'une nouvelle expo/photo

Pour le 1er projet : encore une dizaine de livres restent à vendre et le budget sera bouclé. 

Pour le second projet, une cagnotte en ligne devrait s’ouvrir sur Facebook pour l'amortissement des frais.

Les troisième et quatrième projets, seront débattus lors de notre prochaine assemblée générale printanière.

Nous aider, c’est possible, cela se résume en trois actions :

• Cotiser

• Acheter nos livres associatifs (le dernier, "Un trou dans le jardin" est disponible depuis août dernier - l'as tu ?)

• Nous rejoindre épisodiquement pour inspecter/participer à l’entretien de nos parcs, inventorier notre bestiaire via de l'observation et des photos ( voir dans les "Actualités")

A très bientôt pour un nouvel écho, un grand merci à vous tous qui nous soutenez,

Signé : Jojo