BACHLA

BACHLA

Echo dominical d'octobre 2022

Bonjour à tous ! 

 

Pour l’heure, toute mon énergie est focalisée sur notre prochaine exposition consacrée, comme vous le savez, aux cervidés.

 

Avec sa stature de bovidé, sa puissance de fauve, sa prestance d’antilope, son port impérial et altier, lorsqu’au milieu des prés d’octobre, alors que glands, feuilles, noix et châtaignes tombent au sol, j’entends le papa de Bambi donner de la voix au fond des bois, c’est toujours un pur moment d’émerveillement.

 

Savez-vous qu’il se fallut de peu pour que cet Elaphe que j’admire ne disparaisse à jamais de nos contrées, plaines et vallées ? Abondants au Moyen Âge, les cervidés d'Europe qui se comptaient jadis par dizaines de milliers, furent décimés après la révolution française : grignotage des forêts, extension des pâtures, chasse libéralisée. Réintroduit au tout début du siècle dernier sur un massif vosgien que l’on travaillait alors peu, le voici en sureffectif sur nos versants. Le cerf abime les jeunes pousses, il détériore la forêt, reconnaissent les écologistes de terrain, quelques naturalises. Comme il surabonde sur un espace qui génère, à contrario d'hier, des intérêts que se partagent les ténors du tourisme, l'agriculteur et la technocratie forestière, le voici devenu persona non grata. Appel au garde-chasse, intervention d'Elmer, au tableau des 43 couronnés tués de l’année dernière viennent de s'ajouter 68 têtes supplémentaires, cela fait plus d’une centaine de sonneurs en moins sur les places de chants des bans qui m'environnent. Marie-Joseph, il est loin, ô mes aïeux, le temps où l’on octroyait une aura divine tant au cerf qu’au roi. La raison du plus fort étant toujours la meilleure, celui qui naguère fut anobli des monarques ne figure plus qu’en bête à réguler sur des parcelles classées en réserve cynégétique savamment exploitée. Fermez le ban ! Détail cocasse : c'est le chasseur qui reste, en certains endroits, son meilleur défenseur ! Foi de blaireau, l’on y perd son latin.

 

Bref, mi rugissement, mi mugissement, le brame n’aura, comme l’an passé, que faiblement marqué le silence froid de nos sous-bois d’octobre…

Chacun qui s’en chagrine se consolera comme il peut. Pour ce qui me concerne, c’est à coup de phrasés littéraires répétés, psalmodiés, que je compense ce soudain silence. Au «Tout droit, le cou large et velu, il portait haut son chef couronné d’une ramure ample et sombre» de Genevoixle « Mi-bête, mi-forêt » de Ronsard fait écho.

Des franchissements de 3 mètres de haut, de 11 mètres  de longueur, ça vous parle ? Le cerf, mes amis ! The King, the best, l’Elvis de la forêt ! Trouvez-moi un massif forestier, digne de ce nom, qui n’est point son « saut du cerf » à lui. Au-dessus des surplombs vertigineux, des précipices ou des lacs, ces promontoires panoramiques ne vous laissent-ils point pantois ? Pour cet écho, tel ce Saint Telo qui parcourait les bois et les landes de ma Bretagne natale au son du trot et du galop, je me veux chevaucher le grand couronné blanc, m’enivrer, faire danser dans les airs la poussière, qui jonche le sol, en une farandole d’étoiles !

 

« Perché », rêveur, juché sur le dos de ce vivant emblème des bannières médiévales, m’est venu à l’esprit l’écriture d’un nouveau conte. Je vous en mets un aperçu dans mon prochain courriel. A moins d'être prêt à patienter jusqu'à la parution d'un éventuel autre livre, vous le découvrirez dans son intégralité lors de notre expo photos du 29 et 30 octobre. Ce conte sera offert pour présent d'encouragement à notre jeune ami Benoit Kormann qui fait ses premiers pas comme conteur dans la vallée.

 

Kenavo bizamme, et bon dimanche d'octobre !

 

Exposition du faon au cerf 28, 29 et 30 octobre 2022

venez nombreux!



16/10/2022
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 42 autres membres